Etre bon en orthographe : avant tout une question de mémoire
Disons-le tout de go : l’orthographe n’a rien à voir avec l’intelligence (ouf !). Juger de la valeur de quelqu’un par la qualité de son orthographe est cependant une erreur qu’on fait tous les jours.
La maîtrise de l’orthographe est avant tout une question de mémoire.
D’où l’importance des éculés mais toujours précieux " mais où est donc Ornicar ? " que nous avons appris sur les bancs de la communale.
Ils aident à acquérir une orthographe acceptable en nous facilitant la mémorisation car avoir toujours le petit Larousse dans sa poche relève de l’entraînement du culturiste.
La mémoire soit, mais quelle mémoire ?
Si vous possédez une mémoire visuelle très forte, vous n’aurez aucune difficulté avec l’orthographe d’usage comme sonner mais dissoner (et oui, cela peut faire bizarre…). Il suffit d’écrire les deux orthographes côte à côte et de reconnaître celle " qui marche ".
En revanche, vous devrez être très vigilants quant à la grammaire car certaines formes ne sont pas courantes bien que parfaitement correctes. Ecrire je fait ou je mit est une faute typique de gens qui comptent sur leur très bonne mémoire visuelle pour s’en tirer.
Les correcteurs d’orthographe ont fait des progrès considérables pour détecter ce type de fautes mais ils ne sont réellement efficaces que lorsque vous écrivez façon rédaction de CM2, avec des phrases basiques et sans trop de subtilité. Sinon, ils peuvent carrément vous induire en erreur.
Ceux qui ont moins de mémoire visuelle pallient généralement ce problème en développant leurs connaissances grammaticales, leur raisonnement.
L’accord du participe passé sera pour eux un jeu d’enfant et a contrario, ils auront des difficultés avec l’orthographe d’usage. Les fautes sont considérées comme moins graves surtout pour les textes dactylographiés où on peut toujours mettre cela sur le compte d’une erreur de frappe.
Les correcteurs d’orthographe les détectent relativement bien – mais ce n’est pas parfait. Par contre, elles sont difficiles à corriger.
Tout notre problème vient du fait que le français est une langue latine prononcée à la manière germanique c'est-à-dire en accentuant le début du mot et non la fin.
Ainsi le mot latin arbor, prononcé à l’italienne en insistant sur le or, est devenu en mettant l’accent tonique sur ar notre arbre. Le même phénomène explique pourquoi lyceum est devenu lycée et matinea, matinée.
Voilà pourquoi de ces trois mots français finissant par e, deux sont masculins : arbre (car les mots latins terminés par er, or et os sont masculins) et lycée (les mots latins en um sont neutres ce qui correspond au masculin français).
Matinée sera féminin car les mots latins terminés par a le sont.
Dès lors, les difficultés que nous rencontrons se situent non pas au début du mot (ou nous pouvons grosso modo nous fier à notre oreille) mais essentiellement au niveau de cette fin qu’on ne prononce pas.
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