Chanson et poésie
Chanson et poésie sont cousines. A une époque, pas si lointaine, elles ne se distinguaient pas vraiment.
En effet, jusqu’au 15e siècle, en Europe, toute poésie était chantée.
A la base, poésies et chansons sont des formes uniquement orales.
De ce fait, elles utilisent toutes les deux des moyens mnémotechniques : constance du rythme par le nombre de pieds ou de syllabes dans le vers et par l’utilisation des temps forts et faibles, retour régulier des sonorités, des mots et parfois de phrases entières.
Aujourd’hui, la poésie est plus souvent lue que récitée. Elle s’est donc petit à petit écartée de cette structure.
Par contre, la chanson est restée une forme d’expression à retours multiples, à récurrences, une forme circulaire.
Celui qui écoute a besoin, pour savoir qu’il est toujours dans la même histoire, d’éléments répétitifs, comme des balises sur un bord de route.
C’est sans doute l’origine des rimes qui n’étaient autrefois que de simples assonances ou consonances, mais aussi des refrains, des codas…
Finalement, la chanson est paradoxalement très " conservatrice ".
Brassens, comme Nougaro sont souvent plus proches d’un Victor Hugo que certains poètes contemporains.
Au passage, les poètes comme Aragon qui ont fait le bonheur de chanteurs (Jean Ferrat), ont écrit le plus souvent dans des formes très classiques. Léo Ferré a consacré de nombreux disques à
chanter les poètes (Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, Aragon). On trouve des textes d’Apollinaire chez Lavilliers et de Rimbaud chez Charlebois ou Sapho, de Paul Fort chez Brassens.
Exception immense à la règle : Jacques Prévert que Kosma – entre autres – a mis en chanson, malgré des formes très libres : pratiquement jamais de vers réguliers, des jeux d’assonances mais pas
de rimes.
Source : Michel Arbatz. Le moulin du parolier. Guide à l’usage des auteurs de chansons et autres obsédés textuels. Jean-Pierre Huguet éd. 1996.
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