L’affaire se corse
Lorsque j’étais plus jeune, la blague traditionnelle de cour de récré était d’ajouter " … chef-lieu : Ajaccio ".
Cela n’était peut-être pas très fin mais au moins, cela faisait entrer dans les " charmantes têtes blondes " – enfin, blonde… bref passons – dans les charmantes têtes blondes disais-je, un peu de géographie.
De géographie peut-être, de compréhension de notre langue nationale, pas si sûr !
L’expression peut se traduire par l’affaire se complique. Cela devient plus intéressant, plus intense, plus piquant.
De là à en attribuer au célèbre Ocatarinetabellatchitchix la paternité, il n’y a qu’un pas. Et le raisonnement se tient car le fier et susceptible chef corse était en bisbille avec Figatellix pour une brumeuse histoire d’âne boiteux qu’un de leurs aïeuls aurait vendu à l’autre. Bref, l’affaire était compliquée, intéressante puisqu’elle alimentait régulièrement les conversations, intense lors des épisodes musclés et piquait l’honneur.
Seulement voilà, ni Ocatarinetabellatchitchix, ni ses papas Goscinny et Uderzo ne sont pour rien dans cette expression.
On dit volontiers que sur l’Île de Beauté, les choses peuvent très vite monter en intensité et que le plasticage de gendarmerie et autres bâtiments publics est un élément du folklore traditionnel au même titre que le chant polyphonique ou que le vote des défunts.
Il y en a même qui disent aussi qu’en Bretagne, il pleut tout le temps… mais là, c’est un mensonge éhonté. Il ne faut quand même pas exagérer, nom d’un petit bonhomme !
En parlant de petit bonhomme, n’allez pas non plus attribuer à un autre corse, un caporal petit par la taille mais grand par la renommée l’origine de cette expression.
Que nenni.
En effet, le verbe corser (du mot corps) est apparu au milieu du XVIe siècle pour dire prendre à bras le corps. Après avoir été un peu oublié, ce verbe est revenu en usage au XIXe siècle, mais basé cette fois sur un autre sens du mot corps, la consistance, qui au figuré, est devenu l'intensité ou la force, signification qui nous intéresse ici.
Quelque chose qui est corsé, c'est quelque chose d'intense, de fort, de piquant comme un vin ou un assaisonnement
Et ce n’est pas Amora, la déesse de la moutarde dans les publications sus-citées qui me contredira.
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