Cessez de me rebattre les oreilles ou je vous rabats le caquet !
Rabattre et rebattre sont des paronymes c'est-à-dire des mots dont l’orthographe et la prononciation sont proches. Qui dit proche, dit confusion possible.
On a le verbe battre (les cartes, un tapis, la campagne, comme plâtre). Si on bat une deuxième fois, on re-bat.
- Après une fausse donne, on bat les cartes à nouveau. On les rebat.
- Rebattre un matelas, c’est le refaire et battre la laine qu’il contient (je ne sais pas si cela se fait encore souvent de nos jours…)
- Rebattre un tonneau, c’est en resserrer les douves en frappant sur les cerceaux.
- A la chasse, un chien qui revient à plusieurs reprises sur les mêmes voies, rebat ses voies.
On a donc l’idée que l’on revient à la charge en battant une nouvelle fois ce qui a déjà été battu. C’est de l’acharnement syntaxique.
Dans rabattre, vous avez l’idée de ramener vers le bas :
- Le vent rabat la fumée.
- Le prix est trop élevé, vous devez le rabattre (demander moins cher).
- J’avais de grandes ambitions. Il m’a fallu en rabattre.
- Rabattre une couture, un arbre trop haut, le caquet de quelqu’un pour le faire taire…
Par extension, rabattre signifie aussi ramener vers un endroit.
- Les chasseurs rabattent le gibier vers la plaine.
Seulement voilà, en linguistique comme dans beaucoup de domaines, les absents ont toujours tort. Pour utiliser le langage actuel, le pauvre rebattre est moins people, moins bling bling que rabattre (peut-être est-il déprimé parce qu’alors qu’il a déjà plusieurs siècles d’existence, il n’a toujours pas sa Rollex, allez savoir…).
Bref, on entend souvent rabattre les oreilles au lieu de rebattre les oreilles et rien que t’entendre ça, cela me nique la stéréo.
Remarquez que dans l’absolu, on pourrait effectivement rabattre les oreilles de quelqu’un, surtout s’il a la morphologie de Monsieur Spock dans Star Trek, et les fixer avec un petit morceau de scotch.
Mais quand même, avouez que ce n’est guère pratique !
En fait, votre discours a une fois battu les tympans de votre interlocuteur, façon vague allant s’écraser sur la plage.
Soit qu’il ait les portugaises ensablées, qu’il soit dur de la feuille ou qu’il se batte l’œil de vos arguments, il est resté de glace.
Alors, vous en avez remis une couche… et donc vous lui avez rebattu les oreilles.
Evidemment, lui, vous a trouvé lassant pour ne pas dire carrément ennuyeux.
De là, à ce qu’il décide de se rabattre les oreilles avec les mains, façon boules Quies improvisées, il n’y a qu’un pas.
A moins qu’il préfère vous rabattre le caquet !
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