Les tics de langage
J’imagine que les tics de langage ont été traités et étudiés par bien des spécialistes spécialisés, mais je n’en suis pas bien sûr.
Sait-on par exemple d’où provient le fait que certaines personnes, en pleine possession de leurs moyens, laissent envahir leurs discours par des locutions tellement proliférantes qu’elles en deviennent parasitaires ?
Le fait d’user et d’abuser d’un mot, d’une expression, d’un adverbe, est une manie courante. On la remarque toujours chez les autres, tel prof répétant " C’est aberrant " ou " N’est-ce pas ? " toutes les trois phrases, telle copine consommant du " Arrête, je meurs " à haute dose, ou se gavant d’un quelconque " Quelle prise de tête " à cause de sa nouveauté, tout cela est très banal.
Si, à une certaine époque, tout le monde a parsemé ses paroles de " tu vois ", " si tu veux " et de " J’veux dire " (You see et I mean, tout aussi proliférants chez les Anglo-Saxons), le tic est resté, et certains en usent encore avec une fréquence inquiétante. Il m’est arrivé de rencontrer des gens, parfaitement équilibrés par ailleurs, chez qui ce saupoudrage au rythme d’une mitraillette atteint les limites du supportable : " Non, j’veux dire, t’es dur de me dire ça, j’veux dire, y a des remarques qui ne se font pas, j’veux dire, chacun ses manies, j’veux dire, ça peut perturber, j’veux dire, de le savoir, j’veux dire. "
C’est à tel point que nos publicitaires, toujours à l’affût des tendances, ont fait récemment un spot mettant en scène une personne racontant un film dont le discours était ponctué de " tu vois ".
C’est absolument proche du pathologique, ça. En tous cas, voilà des gens à qui on ne peut pas reprocher de s’écouter parler.
Source : Léandri B., La grande encyclopédie du dérisoire Ed. Fluide glacial, 1994.
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