Etre dans l’œil du cyclone : usage courant ou réalité météorologique
Cette expression fait partie des lieux communs journalistiques. De nombreuses manchettes ont ainsi proclamé en gros caractères que tel homme politique était " dans l’œil du cyclone ".
Mais se représenter un cyclone comme une sorte de dieu, ayant un œil assez grand pour y mettre un politique, c’est carrément se mettre le doigt dans l’œil. Qu’on se le dise, Monsieur le ministre Trucmuche n’est pas dans l’œil du cyclope !
Un cyclone est une forte dépression tropicale dans laquelle de gigantesques nuages se mettent en rotation sous l’action de la force de Coriolis liée à la rotation de la terre. Ce mouvement tournant crée au centre de l'amas une zone appelée œil, large de 40 kilomètres en moyenne. Il a la forme d'un entonnoir, plus large en haut qu'en bas, entouré d'une muraille nuageuse qui monte jusqu'à 14 à 18 kilomètres de hauteur. À l'intérieur de l'œil, le vent est faible et le ciel peu nuageux. C'est dans le mur de nuages qui l'entoure que règnent les conditions les plus infernales du cyclone, vents violents et précipitations diluviennes.
Donc logiquement, Trucmuche est dans la zone la plus calme, le moment de douceur dans un monde de brutes. Pour ceux qui sont soucieux de rester fidèles au sens propre, l’expression être dans l’œil du cyclone signifie rester calme au milieu d’une tempête.
Mais plus souvent, il y a eu amalgame. L’œil du cyclone étant le centre du tourbillon, être dedans veut dire être dans la tourmente, au cœur de la tempête. C'est-à-dire que M. Trucmuche est en
mauvaise posture, dans une situation
difficile et un contexte mouvementé. C'est lui le plus menacé : il est exactement à l'endroit où les perturbations sont plus fortes, en plein milieu de la tourmente. L'œil, c'est donc le milieu.
Par extension, il est visé, dans le collimateur, le point de mire. Et donc, ses proches eux-mêmes le regardent d’un autre œil.
C’est dire si l’évolution de la langue (les esprits chagrins ajouteront " et la présentation des bulletins ") est faite par des personnes ne connaissant pas la météorologie puisqu’on est arrivé à un sens diamétralement opposé au sens initial.
D’un autre côté, l’œil du cyclone est peut-être calme mais c’est un calme trompeur, celui qui précède (et suit) la tempête, un retour brutal et paroxystique avec des vents soufflant à de folles vitesses dans le sens inverse de ceux qui se déchaînaient avant que l'œil ne ramène un calme provisoire.
Bref, dans les deux cas, Trucmuche a intérêt à ne pas avoir froid aux yeux.
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